Quelques notes sur les films de John Waters.
« Vous regardez le crime personnifié » dit Dawn Davenport dans Female trouble, mais nous regardons le crime personnifié avant
que Dawn Davenport ne tire, c'est-à-dire que le crime n'est pas réductible au meurtre,
mais au mode de vie.
Vous venez voir un spectacle pour vous divertir, ma façon de vivre est, pour vous, un divertissement, alors je vous tire dessus.
La bourgeoisie exploite jusqu'à ce que la situation tourne à leur désavantage, et avance contre leurs intérêts (le couple Dasher).
Le désir de devenir star jusqu'au crime.
La psychiatrisation de tout comportement déviant de la norme.
Waters prend le gros plan de visage comme une rigolade. Souvent, c'est la laideur d'un
détail : un bouton, une énorme larme qui coule, une bouche édentée, un œil mort, etc., etc.
Le trope du vomi.
La conversion de personnes issues de la « haute » (par exemple, dans Cry baby ou dans
Cecil B. Demented) en délinquante ou en actrice de films indépendants — donc en délinquante.
Cry baby est un melting pot clownesque de West side story, Cendrillon, Roméo et Juliette,...
Les garçons pleurent (casse dans la virilité).
Les bourgeois s'en sortent au tribunal et les pauvres sont condamnés.
Serial mom = derrière les tentures froufrouteuses de la bienséance : l'indivudalisme libéral à son point le plus vicié.
Pecker est probablement le film le plus «autobiographique» de Waters.
A dirty shame : la cabale de la décence contre les ravagé.e.s du sexe.
Critique de la psychiatrisation et de la médicamentation à outrance. Tout ce qui s'écarte du « normal » devient pathologique (coucou Canguilhem). Le prozac que l'on donne à Caprice/Ursula pour son « addiction » au sexe, ou encore la ritaline que l'on donne à Chrissy dans Pecker pour sa soi-disant « addiction » au sucre.
En réfléchissant sur Desperate living, et sur le fait que Waters ne critique jamais l'hétérosexualité comme orientation sexuelle, mais comme mode de rapport, comme possible domination matérielle, comme manière de hiérarchiser, et donc, lorsque Peggy et Griselda débarquent dans ce village queer, à la marge, village dominé par une reine hétérosexuelle, qui crache sur tout ce qui est queer, on peut y voir l'incursion de ce rapport de domination, de cette hiérarchisation (cette espèce de bascule autoritaire), même dans les milieux queers. (Ou peut-être que je divague totalement.)
Multiple maniacs : doigt d'honneur complet à l'Amérique puritaine et conservatrice. Réalisé avec de la viande crue et un homard géant.