Vous ne trouverez pas d'équivalent au personnage de Vic. dans ma vie, parce que ce personnage a été écrit comme une conjuration.
Cette conjuration, c'est ma manière de passer à autre chose.
A 17h30, on dirait qu'il est 00h02.
on dit non, on ne recule pas, on veut aller voir des spectacles de Gosselin parce que c'est ce qui nous stimule et nous émeut, on ignore ce que nous réserve la suite, parce que la suite n'existe pas vraiment, nous avons des idées vagues, nous pactisons avec nos monstruosités d'enfant, la route semble encore longue, nous sommes fatigué.es, mais peut-être que la route s'est effondrée et qu'on ne le voit pas, peut-être que nous avançons sur des cordes tendues, peut-être que nous avançons en sautant sur le haut des pyramides, peut-être que sous nos pieds, il y a déjà les restes du déluge, peut-être que Noé ne veut plus sauver personne, peut-être que Noé n'a rien sauvé du tout (c'est pas grave mon reuf), peut-être que l'eau coule de nos bouches, on galère, ça va, c'est OK, le noir et les fissures, OK,
Mais j’ai la sensation de n’avoir jamais vraiment quitté le livre, tout l’univers d’Arturo Belano, d’Ulises Lima, des sœurs Font, de Garcia Madero, etc., etc, m’accompagne (partout, quand je mange, quand je dors, quand je marche, quand je récure la cuvette de mes chiottes).
« Tout le réalisme viscéral était une lettre d'amour, la parade démentielle d'un oiseau idiot à la lumière de la lune, quelque chose d'assez vulgaire et sans importance. Mais ce que je voulais dire c'était autre chose. »
Les détectives sauvages, Bolaño
J'essaie de me prouver que je ne perds rien ou pas tout, j'essaie de me rattraper, j'essaie de dire à la nuit de celles et ceux qui me précèdent : n'ayez pas trop honte de moi.
Parfois, j'ai envie d'envoyer des pages entières de Bolaño aux gens, et je ne le fais pas parce que je sais que les gens se foutent éperdument de Bolaño.
Dans mes rêves, je mange à la même table que lui.
Dans mes rêves, je lui dis : Roberto, frère, nous sommes ensemble.
les gens pensent « ouais, ça va », non, ce qui va, c'est écouter une chanson piano variation jazz voix de loup la nuit tombée, après que la journée ait été plutôt insupportable, après qu'on ait perdu beaucoup trop de temps sans lire ni écrire, beaucoup trop de temps pour des choses qui ne comptent pas, beaucoup trop de temps, « but you like fast cars and movie stars »
Je trouve assez rassurant de constater que personne n'est 100% heureux.se.
Là, je crois sincèrement que je n'ai plus besoin de détruire grand chose, parce qu'il n'y a plus grand chose à détruire.
En fait, quand vous vivez avec un sentiment très fort pendant très longtemps, vous vous y habituez, il s'intègre à votre violence quotidienne, alors quand ce sentiment meurt, ou disparaît, ou que vous le butez à la batte, en frappant avec toute la hargne et la tristesse qui squattent en vous, une sensation impitoyable un peu comme ça, le sang gicle et couvre la porte de votre frigidaire, et vous n'essuierez rien, vous ne nettoierez rien, vous ne chercherez pas à masquer les taches, vous laisserez tout sécher et coaguler et former un tableau en croûte de sang rouge sur la porte de votre frigo blanc (stylé, t'as vu ?), puis vous finirez, oui, vous finirez par vous dire, en contemplant le sang, les taches, le tableau : je crois que ce sentiment me manque.
Des fois, je veux arrêter d’écrire. Exactement comme si je disais : des fois, je veux provoquer ma propre ruine.
Je ne dors clairement pas assez.
Parfois, je me regarde dans le fond des yeux et je me demande : est-ce que c’est vraiment possible d’être bête comme ça ?
à quel point le drag me touche ?
au point où je cours pour récupérer ce que j'avais laissé cramer sur l'autoroute
Soyez le fou du bus que vous voulez être.
« il y a beaucoup plus de choses qui ne sont pas arrivées que de choses qui sont arrivées. est-ce que ça te rend triste ? » journaux hors-sol n°14