Novembre 2025

Là je me dis : t'es trop bizarre et trop nul·le. Qu'est-ce que t'espères ?
« il n'y a plus que des fonds d'écran, le lagon rouuuge saaang »
Le but n'est donc plus de chercher quoi que ce soit, mais de trouver des réponses. Et qu'importe si ces réponses sont fausses, si ces réponses débordent le réel et le fracassent et le ringardisent et lui font prendre des allures qui servent un unique délire fasciste.
Les expériences que je vis au théâtre cette année sont vraiment extraordinaires.

Je ne dors pas très bien ces temps-ci. J'écoute en boucle Inside out de Martin Dupont parce qu'il y a des musiques dont on ne se remet pas. Je suis malade. Je pense : le temps passe, passe, passe, il décapite tout, et il finira par me décapiter aussi, et depuis toutes ces années que je me suis arraché·e pour rester vivant·e sur la terre, personne ne m'a jamais dit : ok, le dernier jour de l'Apocalypse, je veux le passer avec toi.

C'est ce genre de pensée que je mâche sans cesse, que j'avale et que je recrache dans ma bouche ; l'intérieur de ma bouche est une décharge de pensées tristes comme ça.

Je ne sais pas ce que ça dit de moi.

Je suis trop bizarre et trop stupide, je me fais trop de films tout le temps, je fabrique trop de scénarios impossibles, et après je m'étonne que rien ne se réalise comme je l'entends, je m'étonne des lames qui se dressent, je m'étonne de finir blessé·e en permanence.

Mais évidemment que personne ne peut aimer un clown, un putain de farfadet, évidemment que c'est juste un divertissement de passage, et qui finit par être lourd.

Parfois, je suis à l'intérieur de ma tête, et je me donne des tas de coups de pieds, je me roue de coups, je me casse la gueule, avec les poings aussi. Je finis le visage déformé et en sang. Et le pire, c'est que ça ne me soulage même pas.


Je ne peux pas vous expliquer pourquoi mon sentiment d'abandon est énorme, mais il est, de fait, énorme. Il me reprend tout le temps, dès que je vais bien, dès que je vais mal ; je me rappelle qu'il n'y a personne au bout du compte — que si j'agonise dans ma chambre, il n'y aura personne pour venir me caresser la tête, que si je m'allonge sur le sol, il n'y aura aucune main pour me relever.


ce blog était censé être beaucoup plus marrant, je vous promets
C'est marrant, hier soir j'ai été voir un spectacle de Lorraine de Sagazan qui s'appelle Lack. Et donc le spectacle parlait d'amour, parlait d'obsession amoureuse, parlait de rupture, parlait de ne jamais avoir été amoureux·se, et tout ça, c'était beau.
C’est le cœur noir qui me soulève, tous les murs qui se dressent, et que je m’efforce d’abattre, je m’acharne et parfois une pierre tombe mais ça ne suffit pas, évidemment, à faire s’effondrer le mur, alors je continue, je broie les pierres avec mes dents mes ongles cassés, je cale des morceaux tout contre mes gencives, je me dis au moins
la défaite aura du goût

J'ai tendance à m'acharner (beaucoup) même si je sais, que je pressens absolument que je vais juste finir en sang, que je vais finir, juste, avec mes cris enfouis dans mes mains, je sais que je me gourre, je sais que je ne prends pas la bonne direction, je sais que tout me murmure de faire demi-tour, mais je poursuis quand même ma trajectoire vers ce qui va me taillader

c'est ça la beauté du geste, les gars


Je sais que mon sentiment de solitude est, par moment, totalement injuste, parce que j'ai rencontré des personnes formidables ces dernières années. Des personnes que je peux blesser par ma parole et par mon comportement. Des personnes que je ne mérite pas toujours. Des personnes qui me disent, en somme, « tu n'es pas toujours seul·e ». Et c'est de la chance je crois, une chance du démon.

je me répète en boucle des phrases douloureuses, et ces phrases, on dirait, il n’y a rien pour les arrêter

Je suis en ébullition permanente.
Le seul moment où j'oublie un peu, c’est quand je remate une série de films d’horreur bien gore. C’est tout. C’est cet excès de violence qui me permet de me mettre un minimum de côté.

L’état dans lequel je suis,
putain.

Heureusement que vous ne voyez pas ça.

Heureusement que vous n’assistez pas à ça en direct.


Mais il faut dire tout de même que Brotherhood est un spectacle très puissant, que Carolina Bianchi est une artiste imparable, qu’elle renverse la scène contemporaine avec ses spectacles, qu’il y a une grande virtuosité à mettre en scène des questions impossibles, à forer jusqu’au bout ses propres paradoxes, à ne lâcher ni le public ni elle-même, à n’épargner personne, à se fracasser, à finir avec des morceaux d’os plein les mâchoires ; et donc cette question de la violence, des violences faites aux femmes, ne trouvera ni de réponse ni de fin, le viol ne connaîtra ni de réponse ni de fin, on peut aimer la poésie et foutre le feu à tout, on ne résoudra rien, on ne résoudra jamais la propre énigme que l'on devient et qui se complexifie à mesure qu'on avance, on n’annulera pas la violence, on ne supprimera par le trauma, on ne deviendra pas plus fort·e.
J'ai un peu trop écrit pour rien, mais ça c'est comme d'hab
Si vous voulez me comprendre, c'est simple : écoutez l'album High Violet de The National en boucle jusqu'à ce que la mort vous suive.

Et pour la première fois de ma vie, à la fin, après les applaudissements et à peine retourné·e pour quitter la salle, j'ai éclaté en sanglots. Je veux dire : vraiment. Pas la petite émotion qui vous surprend et vous fait verser quelques larmes, non, le chagrin dur, cette masse énorme qui surgit et que vous ne pouvez pas du tout arrêter parce que vous ne la voyez même pas venir à vous. Et alors, je pensais à plein de choses, et je pleurais, et je suis sorti·e dehors, et heureusement, heureusement je dis, que j'étais accompagné·e de deux personnes que j'aime, parce que je crois que dans le cas contraire, j'aurais jamais réussi à m'arrêter.

En fait, Musée Duras a frappé dans tant de zones en feu de moi-même ; il était tout bonnement impossible que je finisse dans un autre état.