Je ne donnais jamais de surnom à mes pokémons.
J’entends beaucoup de personnes trouver les séries mal fichues et chronophages, trop nombreuses et trop superficielles, trop et non mémorables. Une vaste perte de temps. C’est assez vrai, je veux dire que dans l’ensemble peu de séries renouvellent une esthétique, s’aventurent dans un canyon narratif au milieu des coyotes qui dansent, tentent un vrai parti pris artistique. Ce sont les conditions de leur production qui sont déplorables, c’est la rentabilité de l’industrie du cinéma, c’est les gros sous, l’investissement, les producteur·ices, la rentabilité, l’impératif d’exécuter vite et beaucoup et mal, etc. qui ne permettent que trop rarement de véritablement faire rupture.
N’empêche, j’adore ça. J’adore le format, j’adore la hâte de regarder l’épisode suivant, j’adore suivre des personnages pendant des heures et des heures, j’adore la sensation de ne plus tellement être là. Je prends un plaisir immense à revoir les séries que j’aime, à y perdre plein d’heures de ma vie et la pesanteur d’être moi. Ça me file l’impression d’avoir des gens à retrouver à n’importe quel moment de ma journée, et de ne plus être si seul·e.
Souvent je me dis : les gens ont du succès, pas moi. Ça se fait pas.
Maturité de chokbar de bz.
« Bon, alors, je leur ai dit, c’est quoi le mystère ? Alors les jeunes m’ont regardé et ont dit : il n’y a pas de mystère, Amadeo. »
Les détectives sauvages, Bolaño.
Le processus de starification ne consiste pas à produire de « la star » ; il consiste à produire du regard affamé.
Les poètes·ses parlent de ces trucs, je vous jure. C’est à se demander s’il n’y a pas un concours secret pour savoir qui sera le plus chiant.
Je veux dire, si la seule chose que tu as à raconter c’est que tu as peur que la maison s’écroule pendant que tu épluches tes patates, fais une sieste, je sais pas ?
En plus, il y a toujours cette manie de revenir à la ligne n’importe comment en croyant que c’est bon, on est poète·sse, on a fait le taf.
Eh.
En fait, le milieu littéraire est terrifiant parce qu’il est constellé de bourges qui n’ont rien à raconter.
La narration doit redevenir un puzzle, une énigme.
Une histoire originale n’est pas une histoire nouvelle, c’est une histoire détruite autrement.
Alors je sais pas trop ce que foutent les auteur·ices publié·es pour être aussi chiant·es, quand je peux m’enfiler sans encombre des centaines de pages d’archive dès lors qu’un blog me passionne.
Les gens, svp, un petit effort quoi.
Mais ça me redonne foi, ça me redonne une direction, ça me redonne une profusion, un sens de l’appétit, un sentiment de dévoration que j’oublie, parfois, quand je m’ennuie trop longtemps.
La pop culture a infusé mon $âme$ comme une tisane de gingembre.
salut
j’aime pas trop l’été parce que l’été il fait souvent trop chaud et puis les gens partent en vacances avec leur groupe d’ami·es, partent vivre des aventures et moi je me retrouve seul·e dans ma chambre comme quand j’avais 8 ans et 12 ans et 17 ans etc. je m’ennuie pas mal et je glande et je m’ennuie
je n’arrive plus à savoir à quoi je rêve
heureusement, il y a The Rise and Fall of a Midwest Princess qui existe
Peut-être que je vais changer le rythme de publication de ce blog.
Peut-être, je sais pas.
C’est plus simple d’être orgueilleux·se quand on est au milieu de sa chambre.
Un peu marre, en vrai, d’être toujours la personne « bizarre » ou « cinglé·e » ou « à la retourne » ou je vais pas faire la liste de tous les mots que vous utilisez.
Mes cheveux repoussent totalement droits et ça me fait une tête de con.
Je crois que je retrouve l’envie d’écrire grâce [je vous dirai pas grâce à quoi, c’est mon secret], ce qui est une réaction excessive et ridicule, mais bon, je m’en fous pas mal, c’est la spontanéité du geste qui compte, c’est l’élan et le gouffre, c’est l’envie de courir, le bruit du vent, les champs de tournesols éclos.
Aussi, j’ai trop envie de faire des petites vidéos expérimentales très courtes (1 minute genre).
Bref.Je crois qu’il est impossible de commencer Bolaño par le milieu, d’en prendre un passage totalement au hasard, parce qu’il fait preuve, par moments, d’une pauvreté stylistique exemplaire. Par exemple, la phrase « Aujourd’hui, j’ai rendu Rosario malheureuse. » n’a aucun impact si on n’a pas lu tout ce qui précède. Bolaño installe des situations, puis il nous perd, et pose des fils, et parfois au bout du fil, il y a une cabine téléphonique qui explose, comme au hasard (mais je ne crois pas que ce soit du hasard), et alors une phrase simple devient très douloureuse. C’est ça, la grande puissance de Bolaño, d’être capable de rendre n’importe quelle phrase immensément douloureuse, à force — à force de quoi ?
A force de littérature, pardi.
« On se comprend pas en ce moment »
Non, mais en ce moment, je plane trop pour comprendre qui que ce soit, même moi, je comprends rien à moi, j’ai l’impression de vivre une réalité décalquée, de plus avoir à trop faire semblant et d’être en même temps pas du tout dans la vie, mon corps se tort davantage, j’ai des réactions d’enfant de 6 ans, je suis hyper loin de tout et de tout le monde, quand je compte les ami·es que j’ai, mes doigts se cassent, je sais pas où je voudrais être ni ce que je voudrais être, peut-être que la réponse c’est rien, ou de l’herbe, ou un couteau-suisse.
A quoi va ressembler la rentrée littéraire 2025 ? demande un article du Monde.
A rien, comme d’habitude.
je flotte, je flotte
Moi je sais à qui je pourrais dire « tu es ma douleur ». Même si c'est injuste, ce que crache mon cœur reste une façon de faire vérité.
Chappell, le feu, la reine, celle qui les détrônera toutes. <3
« je contiens un océan de douleur et de colère. c'est-à-dire une tempête. avec des vagues scélérates. »
lynettew
J'ai fini par me dire que tout ce que j'avais crée jusqu'à présent ne valait pas la peine. Mais j'ai crée des choses qui me ressemblent.
Imagine, y a un type, il s'appelle Platon Vagabond. C'est son nom de rappeur. Il enchaîne tube sur tube sur tube. Il tourne un clip dans une grotte, il dit qu'aucune ombre ne nous menace, qu'aucune ombre ne peut nous dévorer entièrement, et qu'aucune lumière ne sera jamais assez puissante pour nous sauver. Il dit que la désillusion est belle lorsqu'elle ne dure pas longtemps ; mais que nous avons fini par nous assoupir, puisque nous sommes à nous-mêmes une putain de désillusion (ça, il le crie avec un effet d'autotune). Ensuite il dit : tagada tagada. Ensuite, des chiffres sont projetés sur les parois de la grotte. Il fait des gestes de rappeur avec ses mains. Il dit : soleil de la délivrance, et : l'ombre me termine. Ça y est frère, j'ai fait dans mon froc (ça, il ne le dit pas).
C'est marrant que ce qui se soit démocratisé à balle pour les photos de profil, ce soit de mettre des photos de sa propre tête. Il y a un stock d'images phénoménal à notre disposition, on peut choisir de mettre des photos de stars, de personnages de fiction, d'animaux, de créatures, de paysages, etc, etc. Et ce que la plupart des gens choisissent, c'est de mettre une photo de leur tête.
Est-ce à ce moment que nous avons abandonné tous nos rêves ?
Les livres me rendent plus sauvage. Ça, il faut bien le dire. Ils ne me rendent pas particulièrement intelligent·e, ils ne raffinent pas mon rapport au monde, ils le brutalisent, ils le mutilent, ils l’enorgueillissent, tout ça, dans un concert d'aboiements et de cris de sorcières.
« I'm not queer. I'm disembodied. »
Queer, Luca Guadagnino