ma chambre est noire parce qu'il fait 40 degrés dehors, et tout le vide s'accumule et je n'ai pas envie de lui faire tant de place
je croyais que j'étais quelqu'un qui gérait assez bien l'ennui, c'est archi faux, et je l'ai seulement compris quand on m'a dit « je sais que t'aimes pas t'ennuyer »
perspicacité 3000
« Depuis je force le destin mais en vrai je n’y crois plus. Je ne pense pas être le pire auteur de ma génération mais j’ai manqué d’un coup de pouce, et maintenant j’ai peur qu’il soit trop tard. Et s’il n’est pas trop tard dans le temps, il est trop tard dans mon cœur. »
Relevés, Quentin Leclerc
Écrire dans le vide, c’est bien, et des fois, c’est juste trop trop chiant. C’est comme s’entraîner des heures et des heures et des heures à taper dans un sac pour finir par ne jamais casser la gueule de personne.
On a besoin de créer des endroits qui nous sauvent, de créer des grottes et de s’y réfugier, de courir dans la cale d’un bateau échoué sur la plage, de dévaler les escaliers d’un bunker de la seconde guerre mondiale, de fermer la porte de sa chambre, de s’allonger dans le noir en pensant que plus rien ne peut nous atteindre.
Rien à péter de la rentabilité des activités économiques. Et alors, Laurent, tu vas faire quoi ?
Heaven never heard me calling
Guess this is the reason I feel like hell
Adolescent·es, on avait des conversations très profondes sur la vie, jusque très tard le soir. Nos existences étaient sans cesse sur le rebord de la hache, on interrogeait tout, on remettait tout en cause, on s’endormait à 3 heures du matin en s’étant dit qu’on voulait tout claquer, et se barrer loin dans une grande maison quelque part. On avait la foi, on croyait fort à nos fugues, on était persuadé qu’il y avait une belle manière d’envisager de nouveau les choses.
Depuis que je suis adulte, ces conversations ont presque totalement disparu, ou alors on les rejoue comme de bonnes vieilles blagues.
Plus personne ne s’endort à trois heures du matin avec moi.
Plus personne n’a préservé son âme grandiloquente.
Est-ce que cela me rend triste ?
Les gens mangent du Nutella et signent des pétitions.
Les gens qui se situent économiquement et socialement et mentalement au-dessus de nous mobilisent des arguments plus défoncés que moi. L’excès de richesse et de pouvoir rend toute personne navrante. Les pétitions servent à préserver la santé des valides qui, grâce à cela, s’imaginent qu’iels ne seront jamais gravement malades ou handicapé·es.
Tout autour de nous se meut en terre d’empoisonnement. Nous sommes rivé·es à nos acquis sociaux, alors qu’il faut de nouveau tout conquérir.
Nous produisons de petites actions et de petits gestes parce que nous sommes frigorifié·es. Le dialogue est mort depuis l’invention de la police d’Etat. (Remontez loin pour trouver la date.)
On pourrait abréger : y a rien qui va.
On pourrait aussi se saisir de nos dernières marges de manœuvre pour innover quelque chose.
Mais quoi, putain ?
L’écriture, c’est beau, mais c’est un art mort. J’ai plein d’idées d’action mais le courage zéro pour les accomplir.
Je ne sais pas si finir en garde à vue avec un œil en moins servirait à mieux envisager la suite.
Je ne sais pas si demeurer prostré·e à cuir dans sa propre colère soit beaucoup plus efficace.
Les ministres et ancien·nes ministres utilisent des arguments aussi cons qu’elles et eux pour tenter de nous humilier.
Anne, ma sœur Anne,
je ne vois que le pot de Nutella
qui va bientôt éclater
sur les gueules qui nous tutoient.
Peut-être que c’est ça que je voulais : que les choses aient un sens plus fort. Mais finalement, tout est juste un peu fade.
C’est marrant ces impasses, ces déprimes, ces murs qu’on se mange
c’est marrant que les briques ne nous fassent pas saigner plus fort les gencives, marrant de soupirer après avoir manger ses pâtes, marrant de s’inonder de nouvelles sales, marrant d’être aussi peu à même
de se regarder
dans la poussière de sa glace
est-ce que le monde changera plus vite si on lui pète entièrement la gueule ?
Je pourrais me fracasser, me pendre à un arbre ; des fois ça me rassure de me dire ça, que je pourrais avaler quelque chose de trop, que je pourrais me vaincre en bagnole, que je pourrais partir marcher et ne jamais revenir sur vos routes.
Ce sont des pensées d'une violence extrême, ce sont des pensées de sang que j'ai quand la colère envers moi ne trouve plus d'angle contre lequel se planquer.
Voilà. J'ai le droit de planter une grande barre en plein milieu de mon cœur.
Mais je sais que ce droit n'est pas pleinement le mien, et puis ce sont des choses qu'il ne faut pas vraiment dire, ce sont des petits sucres dans la nuit qu'on se dispose pour soi-même.
Ouais.
Est-ce que l’attachement vaut la terreur ?
Il y a des mots qui ne sont pas agréables à dire parce qu’ils sont comme des rames dans les bouches qui les amènent.
C'est marrant d'être aussi déglingué•e dans sa tête et dans son corps et d'avoir si peu de courage
Tu trouveras un alligator dans la chambre d'ami, et il te faudra l'égorger.