Juin 2025

« CROIRE QUE D’AUTRES
QUE NOUS ATTENDENT CELA.

CES CONFRONTATIONS.

CES APPARITIONS
DE FANTÔMES. »

« Plus tu parles de ce que tu as dans les tripes, plus il y a une connexion avec le public. »

lalalalalala

Il faut vraiment avoir déjà tout « réussi » socialement pour sortir des conneries pareilles.

Pour ma part, si je devais parler de ce que j'ai dans les tripes, je ne me connecterai qu'avec du sang.


C'est marrant le seul moment de l'année où ma tenue m'importe, c'est quand je vais voir un show drag.

Plus ça va, plus je crois que j'ai complètement raté le coche de l'écriture. J'ai cru pendant un moment qu'il y avait quelque chose d'un peu brillant en moi, une sorte de feu original. Au bout du compte, je crée des choses qui passent à côté de tout. Même moi, en me relisant, je me demande comment j'ai pu fabriquer des choses aussi moyennes en croyant aussi fort qu'elles valaient le coup.
C'est un regard désabusé que je porte sur mon travail, mais c'est un regard juste.

Ma vie d'écrivain•e rêvée est vécue par quelqu'un d'autre que moi. Quelqu'un qui vit de ses textes, qui est reconnue pour leur qualité, quelqu'un qui a réussi à foutre un pied dans le théâtre, quelqu'un qui fait des résidences à la Villa Médicis, quelqu'un que Julien Gosselin invite pour proposer une lecture.

Comment vous voulez que je me batte contre ça ?

« On écrit pour corriger, contrarier le silence. »

Non. On écrit pour être brutal, on écrit pour s'endormir avec des armes plein les mains, pour que le sang ait un goût autre que celui de la défaite, on écrit parce qu'on a mal, et que notre douleur est plus mystérieuse que nous.


Parfois, j'ai l'impression que les personnes les plus proches de moi sont précisément celles qui me lâcheront au moment le plus terrible. Je pense assez souvent : je ne vaux la peine pour personne, et : personne ne m'aime suffisamment. Ce sont des impressions et des pensées désagréables qui me mettent extrêmement en colère, mais contre lesquelles je lutte difficilement. C'est une boucle qui revient, un cercle qui se ferme, et qui ne me laisse plus l'occasion de respirer. C'est dur de n'en vouloir à personne quand on a sans cesse la sensation d'avoir été trahi•e. C'est dur de discerner le vrai de cette terreur de l'abandon.

Des fois, j'aimerais bien que quelqu'un me dise, un peu comme dans les films d'Araki : je t'aime et je buterai le monde pour rester à tes côtés.

C'est bizarre de vouloir à ce point que l'autre sacrifie tant pour soi.
C'est bizarre de vouloir à ce point être le centre.

On m'a dit : la colère, c'est une tristesse qui n'a pas été écoutée.

Auprès de qui je dois gueuler, alors ?
Sometimes the truth is, I've got nobody to hang out with
Je ne sais pas vendre mon travail, mais peut-être que les mots « harmonie » et « bienveillance » sont la clé.

(Évidemment que je déconne.)


voilà tu pètes un plomb, c’est facile
tu dors mal, c’est facile
t’as plus envie de rien écrire, facile

maintenant on va jouer à un jeu toi et moi

c’est un jeu simple en apparence, mais qui peut comporter son lot de difficultés


j'ai pas envie d'écrire, je veux dire, pas du tout
j'ai vidé tous mes réservoirs et j'attends des réponses, mais les réponses ne viennent pas

à la place, je ne fais rien de plus
je glande beaucoup avec aucune espèce d'ambition dans la tête, aucune volonté de créer ou d'inventer quoi que ce soit

cet état, c'est un peu la mort en vrai

on va penser que je déprime
(c'est un peu vrai)

en fait il y a tout simplement des moments où j'ai l'impression de n'être nulle part à une place qui pourrait être la mienne

j'ai ouvert en grand ma fenêtre pour que l'air plus frais du soir puisse entrer
les oiseaux parlent fort, le ciel est encore super clair, du rose & du violet,
on m'a appelé pour me dire que quelque chose s'était bien passée
je sais pas
peut-être que je devrais apprendre à me contenter de ça, au lieu de toujours, à tout prix, vouloir du rêve


Rudolf Bayr : Monsieur Bernhard, est-il hors de question pour vous d'envisager une forme d'appartenance ?
Thomas Berhnard : Une appartenance à quoi ?